On pourrait ne voir dans ces pratiques de « ré-emploi » que des exercices de style, des pratiques d’amateurs négligeables, parce que sans intérêt artistique véritable. Et c’est vrai qu’il y a dans la masse des montages et remontages qui circulent des objets sans qualités, voire vulgaires.
Cependant, il faut voir dans les mashups des témoignages d’une culture du « faire », qui tente de s’opposer consciemment ou inconsciemment au mouvement par lequel le marché et les industries culturelles nous conduit de jour en jour à n’être que des « consommateurs ».
S’approprier les œuvres que l’on lit, que l’on voit, les faire siennes pour les partager avec d’autres, ou pour en créer de nouvelles à partir de celles-ci, c’est le fondement de toute culture. La culture n’existe qu’autour d’objets partagés : c’est une pratique du monde.
C’est pourquoi le mashup entre souvent en conflit avec le droit tel qu’il est aujourd’hui utilisé par les industries culturelles, qui introduisent dans l’échange et le partage des limites techniques et juridiques, qui ne sont pas seulement destinées à permettre aux auteurs de toucher leur légitime rémunération, mais aussi de prélever un bénéfice commercial au passage.
C’est donc à partir de cette question de l’appropriation des œuvres par les usagers que se développent de nombreuses interrogations sur les mécanismes du droit d’auteur dans le contexte numérique, et des propositions d’une grande diversité : contribution créative, Creative Commons, licence libre,…
Le cinéma, parce qu’il est un art populaire, est au cœur de toutes ces questions, d’autant plus que de nouveaux outils (caméras portatives, logiciels domestiques de montage et de traitement d’images,…) et un réservoir quasi-infini d’images préexistantes sont aujourd’hui tout simplement à la portée de tous.
L’avenir de la création est certainement lié aux « pratiques transformatives ». Reste à trouver le cadre juridique qui en permettra le juste exercice.