Found footage

Si le mashup est un phénomène qui naît avec le développement de l’image numérique et sa transmission massive sur Internet, de nombreux cinéastes ont pratiqué, et pratiquent encore, le collage d’images « récupérées » ou détournées, depuis fort longtemps. Le « found footage » est un courant important du cinéma expérimental. L’on par exemple pratiqué les lettristes (Isidore Isou, Maurice Lemaître), mais aussi Ken Jacobs, Vivian Ostrovsky, Peter Tcherkassky,… et beaucoup d’autres. Nicole Brenez a signé un article théorique de référence sur ce courant.

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La dialectique peut-elle casser des briques ? de René Viénet
« Qu’on se le dise : tous les films peuvent être détournés, tous les navets, les Varda, les Pasolini, les Cayatte, les Godard, les Bergman, mais aussi les bons westerns spaghettis, et tous les films publicitaires ! » proclame la bande-annonce du film. René Viénet, sinologue, issu de l’Internationale situationniste et ancien compagnon de Guy Debord, a été l’un des premiers en France à dénoncer les crimes du maoïsme. Il détourne ici joyeusement Crush, un film de kung-fu chinois dans lequel un groupe de coréens s’opposent aux oppresseurs japonais, pour en faire un pamphlet quelque peu parodique sur la lutte des classes.
La dialectique peut-elle casser des briques ? de René Viénet (France / fict. 1973 coul. 1h23 35mm)

Les cadavres ne portent pas de costard
Une sorte d’ancêtre du mashup, devenu lui-même un classique du cinéma déjanté.
Une créature de rêve (Rachel Ward) charge un détective privé (Steve Martin) de retrouver son père, un savant fabricant de fromage. Il a inventé une arme redoutable que les nazis veulent lui arracher : un ferment capable de faire fondre les Etats-Unis !
Une étrange liste de noms, « les amis de Carlotta », nous entraîne dans l’univers des films noirs américains des années 40.
Et c’est là le génie du film : les héros de ces films, les Humphrey Bogart, les Lauren Bacall, les Ava Gardner, et tous les autres, il va les rencontrer en chair et en os dans leurs propres rôles ! Pour réaliser ce prodige, Carl Reiner a réalisé un montage qui raccorde les plans d’hier et ceux d’aujourd’hui, reconstituant avec précision non seulement l’époque, mais bien tout l’univers – costumes, décors, photo, texture de l’image… – de tous ces grands classiques que l’on adore. Et tout cela dans un défilé ininterrompu de gags irrésistibles !

La Classe américaine
La Classe américaine ou Le Grand Détournement, écrit et réalisé par Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette, diffusé en 1993 sur Canal+, est composé d’extraits de films de Warner Bros ainsi qu’un bref extrait d’un épisode de la série Maigret avec Bruno Cremer, montés et doublés afin de créer un nouveau film inédit.

D’autres cinéastes contemporains travaillent à partir des images qui les marquent et les inspirent, à partir des films qui constituent des imaginaires visuels que nous partageons tous plus ou moins, comme Christoph Girardet et Matthias Müller.

Making of Fast Film
Dans Making of Fast Film Virgil Widrich raconte la création de son court métrage multi-primé dans le monde entier.

Histoire(s) de cinéma
Et bien sûr, Jean-Luc Godard, dont les Histoire(s) de cinéma sont un gigantesque, magnifique et virtuose mashup.